-
Histoire et définition du libertinage et de l’échangisme
Tags : triolisme, partouzeLe libertinage n’a pas toujours eu la connotation échangiste et sexuelle actuellement à la mode. Il a longtemps eu prioritairement une signification politique et philosophique.
Exprimé par Montaigne, Sade, Cyrano de Bergerac ou Don Juan, le libertinage est d'abord un important courant de pensée libre de tout dogme, ayant traversé toute l'Europe, de la Renaissance jusqu’à la Révolution française, et ayant contribué à façonner la société par une manière de penser différente des autres.
Au début, le terme est utilisé avec mépris pour désigner ses ennemis s’affranchissant des règles sociales. Dans la société calviniste genevoise du XVIe siècle, les "libertins" sont notamment ceux ne se reconnaissant pas dans les règles protestantes. Calvin les appelent "libertin" en référence au mot latin “libertinus” définissant les anciens esclaves affranchis de la Rome antique.Pendant la renaissance, le libertinage est donc la pensée des hommes libres, tels Montaigne ; Giordano Bruno, moine devenu philosophe qui finira sur le bûcher pour avoir déclaré que l’univers est infini ; désirant se défaire de la lourdeur de la pensée religieuse omniprésente depuis le moyen age et vivre selon les règles de la nature.
En France, sous les règnes de d'Henri IV et Louis XIII, la société évolue, les moeurs s'allègent, Le libertin se transforme en intellectuel épicurien débauché, athée et désirant profiter de la vie. S’inspirant des pensées de Giulio Cesare Vanini, des textes satiriques et érotiques sont publiés anonymement. Entres autres, Théophile de Viau, le poète le plus lu de tout le XVIIe siècle. En 1863, avec “Pensées diverses sur la comète”, Pierre Bayle fait office de vrai penseur libertin en expliquant qu'un libertin peut être athée et vivre à partir de sa propre morale. Durant tout le XVIIe siècle, le libertin a la réputation d’être un homme aux moeurs légères. Don Juan est popularisé par Molière exprimant l’idée qu’un libertin cherche d’abord à s’affranchir de toute morale. Cette vision de l’aristocrate dépravé s’accentue ensuite au XVIIIe siècle.La connotation érotique du libertinage se développe. Pendant que les philosophes des Lumières voient la liberté comme un moyen pour atteindre leur quête du bonheur, la littérature libertine apparaît devenant un genre littéraire particulier.
En 1715, Louis XIV meurt, une nouvelle libéralisation des moeurs apparaît, la littérature libertine du XVIII est principalement érotique. Choderlos de Laclos écrit "Les liaisons dangereuses" qui sera une référence, Diderot et Voltaire publient des contes érotiques. Fragonard et Watteau peignent le libertinage. La fin du siècle est marqué par les auteurs libertins avec notamment le comte de Mirabeau, Restif de la Bretonne et le Marquis de Sade. Dans son essai "La philosophie dans le boudoir" le Marquis incite à s’affranchir de la morale, de dieu et des normes sociales, à n’écouter que son instinct et la nature, pouvant légitimer ainsi le pire, comme le meurtre.
La révolution française enlève au libertinage une grande partie de sa raison d’être, être libertin n’avait de sens qu’avec la rigidité de la société monarchique. Après 1789, la société française se libéralise et les libertins n’y sont plus l’exception, n’apparaîssant plus comme ayant la l’exclusivité d’être des "libres penseurs".
Des lors, le libertinage ayant de moins ne moins de connotation intellectuelle, le terme se refère de plus en plus uniquement à la notion de liberté sexuelle, dépravation et relâchement moral. Il n'y aura que Aragon, au XXe siècle, pour s'identifier libertin. Le poète définissant son libertinage comme “l'amour de la vie, des idées et de la liberté”.
-
-
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment
Suivre le flux RSS des commentaires de cet article
Vous devez être connecté pour commenter
-